GESTION DES ÉMOTIONS

  • Une vie sans émotion négative : objectif à atteindre ou utopie ?
  • Comme gérons-nous nos émotions à travers des tactiques (évitement, maîtrise, repli) ?
  • Comment devons-nous réagir ? (Se poser, mettre en mots, examiner, ajouter, autre regard)

La gestion des émotions

Que serait une existence sans émotion ?

Quand nous cherchons à être heureux, ne s’agit-il pas avant tout de trouver un certain état émotionnel ? À l’inverse, être malheureux, n’est-ce pas se trouver tourmenté ou abattu par de sombres émotions ? Et puis combien d’erreurs commises « sous le coup de l’émotion » ? Mais aussi combien d’autres évitées parce que nous avons su être attentifs à notre émotion ou à celle de l’autre ?

Les émotions nous plongent dans la détresse ou dans l’extase, accompagnent et parfois provoquent nos succès comme nos échecs. Si nous pouvions contrôler ce qui déstabilise, contrarie, frustre, dérange, gêne, la vie serait douce !

Nous voyons souvent l’émotion négative ou inconfortable comme un problème à traiter ou un ennemi à abattre. 

Tous, nous en avons assez d’être débordés par ces sensations, ressentis, pensées qui nous dépassent et nous affligent.

Notre vœu le plus cher est de :

  • surmonter nos peurs, arrêter de râler,
  • nous relever de la déprime, vaincre le stress,
  • cesser de culpabiliser, nous libérer de la jalousie…

Les ouvrages et les méthodes se multiplient avec la promesse alléchante d’apprendre à gérer nos émotions pour que tout aille mieux.

Évidemment, si nous n’étions pas anxieux, si énervés ou si tristes parfois, nous irions nettement mieux. Mais nous n’arrivons pas toujours à canaliser ces satanées émotions !

Bien souvent, lorsque nous n’y arrivons pas, nous culpabilisons, nous nous trouvons nuls, en dessous de tout, incapable, idiot(e), trop fragile, trop sensible.

Et nous repartons en quête de solutions.

→ « Gérer », nous n’avons que ce mot à la bouche, comme si la liberté d’être et de penser passait nécessairement par une maîtrise de soi, un contrôle des émotions.

Confronté aux idéologies véhiculées par notre époque et à la nécessaire productivité, l’individu qui sait rester maître de lui-même et fabriquer son plan de carrière incarne à la perfection les valeurs prônées par la société : individualisme, réussite, culte de l’image, toute-puissance, performances multiples. Les risques dits psychosociaux témoignent de la prise en compte de la surdité vis-à-vis de la part émotive qui existe en chacun.

Dans les stages de bien-être, en raison du nombre de participants, la dimension émotionnelle est rarement pleinement écoutée au profit de recherches de solutions pour suivre le programme proposé.

Enfin, la vulgarisation de la psychologie nous donne les clés pour nous « développer personnellement ». Il suffirait de vouloir changer pour y arriver, ou de comprendre et de découvrir les causes affectives qui nous viennent du passé, pour arrêter de projeter dans l’avenir.

« Gérer », une fausse bonne idée ?

FausseBonneIDee

Gérer nous semble la bonne et d’ailleurs la seule solution. La joie a la meilleure côte, car elle offre les petits moments de bonheur, les plaisirs simples, les réussites, toutes ces informations que nous partageons en privé ou en virtuel.

Mais les doutes, les échecs, les peines, les colères, les écarts de conduite sont mal vus. Nous préférons les garder pour nous. La peur, la culpabilité, la honte, l’agressivité, l’ennui ne sont pas les bienvenus. Ces émotions-là ne sont acceptables qu’à certaines conditions, mais pas de manière prolongée : un gros problème de santé, un deuil, un enfant en souffrance, une séparation, une injustice.

Alors, nous appliquons plusieurs tactiques réflexes.

Éviter de ressentir l’émotion

1ère tactique qui semble une évidence, la fuite a pour fonction d’échapper à ce qui bouleverse notre bien-être.

Alors, pour éviter ces émotions qui nous gâchent la vie, nous nous activons, nous nous agitons, nous nous détournons de ce qui pose problème. Nous cherchons des solutions qui rassurent à travers les amis ou les professionnels du bien-être. Nous avançons quand même, nous évitons les problèmes, nous anticipons pour qu’il n’y en ait pas, nous nous mettons à l’abri des besoins, nous imaginons le meilleur plutôt que le pire, nous faisons de l’humour, nous positivons… Bref, nous faisons tout ce qui est censé garantir le bien-être. Surtout, nous évitons soigneusement toutes situations d’épreuves émotionnelles, quitte à être dans le déni, dans la plus mauvaise foi.

Maîtriser les émotions et la situation

Quand l’évitement n’est pas possible, nous cherchons à maîtriser aussi bien ce qui nous arrive de l’intérieur – le malaise – que de l’extérieur – ces autres ou les situations qui nous contrarient.

Nous levons le ton, nous imposons notre point de vue (lutte), nous râlons, nous nous emportons contre les autres pour ne pas être emporté par notre fragilité (agressivité), nous nous affirmons et nous faisons des stages pour apprendre à dire non. Nous organisons notre vie comme notre agenda (hyper-organisation) et nous rejetons en bloc tout ce qui nous diminue et nous fragilise (hyper rigidité). Nous maîtrisons notre territoire intérieur en défendant notre territoire extérieur.

Le repli sur soi

À défaut de fuir l’émotion ou de lutter contre elle, nous adoptons la solution du repli sur nous-même.

Nous tolérons cet état de fragilité sensorielle en lui donnant du sens, en cherchant des explications au « problème ». Jusqu’à ce que « ça passe », puisque nous n’avons ni su ni pu éviter ou maîtriser la situation délicate ou douloureuse.

Nous subissons donc notre sort émotionnel, en trouvant des causes dans notre passé d’abord, puis en nous projetant sur un avenir meilleur.  Nous devenons tolérants à force de supporter ce que nous ne pouvons ni fuir ni contrôler. Nous faisons des stages pour apprendre à faire mieux avec nous-mêmes et avec les autres, à mieux communiquer, à mieux exprimer nos ressentis.

Fuite, lutte, repli… Quelle posture ?

Mais ces réactions qui consistent à éviter, à maîtriser ou même à subir nous soulagent-elles de cette emprise émotionnelle ? Malheureusement, ça ne marche pas longtemps malgré nos efforts, notre volonté, notre motivation.

La confusion entre expérience émotionnelle et expérience mentale n’est pas en soi un processus pathologique : nous avons une tendance naturelle à interagir avec notre monde intérieur de la même manière que nous interagissons avec le monde extérieur.

Alors quelle autre voie que la fuite, la lutte et le repli sur soi ?

Pour mieux vivre avec ses émotions, il convient de :

  • Sortir de nos attentes culturelles actuelles ;
  • Mettre de côté le « tout, tout de suite » ;
  • S’éloigner du culte de l’immédiateté.

Comment réagir face aux émotions ?

Se poser pour explorer et identifier

2 types d’émotions négatives existent :

  • Les émotions négatives saines, celles éprouvées en réaction à des évènements défavorables et qui sont appropriées. Elles débouchent sur une réponse constructive qui n’interfère pas, de façon significative, avec le reste de notre existence.
  • Les émotions négatives malsaines, les sentiments et sensations qui sont démesurés par rapport à l’évènement en question. Elles ont tendance à provoquer un comportement autodestructeur qui suscite des difficultés dans d’autres domaines de notre existence.

Vous savez comment vous vous sentez. Vous savez que vous ressentez quelque chose. Vous éprouvez une émotion, mais quelle est-elle ? Comment la nommer ?

Mettre en mots ce qui se passe en soi

Ce n’est pas toujours facile, c’est vrai. Vous êtes peut-être habitué à utiliser des termes comme « gêné(e) », « énervé(e) » ou « mal » pour exprimer ce que vous ressentez. Ces mots indiquent un état émotionnel négatif, mais ils n’apportent pas beaucoup plus d’information.

Les avantages de l’entretien psychothérapeutique pour nommer ce que vous ressentez sont triples :

 

  • Il devient plus facile pour vous (et votre entourage) de comprendre la nature précise de ce que vous ressentez.
  • Vous pouvez plus facilement savoir si vos émotions sont saines ou malsaines.
  • Vous pouvez plus facilement fixer comme objectif d’éprouver une émotion saine adaptée.

Examiner les pensées

Une pensée rigide est le signe infaillible que vous ressentez quelque chose de malsain. Elle vous conduit à exiger de vous-même, des autres et du reste du monde, le respect de certaines règles qui sont les vôtres. Elle se remarque avec les mots ou expressions comme « doit », « il faut », « essentiel », « obligé », « nécessaire », « impératif ». Or, une telle attitude ne laisse plus de place aux déviations ni aux erreurs.

Lorsque vos exigences ne sont pas satisfaites (et ce sera souvent le cas), vous risquez d’être émotionnellement et excessivement perturbé.

« Ajouter » pour réagir de façon différente

Ajouter une pensée souple. Elle consiste à avoir des préférences, des normes et des idéaux pour soi-même, pour les autres et pour son existence. Cependant, il faut aussi accepter la possibilité que vos préférences ne soient pas satisfaites.

Ainsi, quand vous ne parvenez pas à conformer votre existence à vos propres normes, quand les autres se conduisent d’une façon indésirable, ou quand la vie s’obstine à ne pas fonctionner comme vous le voudriez, cela peut vous déranger, vous stresser, vous toucher. Mais cela ne vous cause plus de perturbation et de débordement émotionnel excessif.

Poser un nouveau regard sur soi

Vous ne résoudrez pas vos fragilités émotionnelles en vous attribuant des étiquettes globales, sous prétexte que vous êtes affecté(e) par ces perturbations et débordements.

Ce n’est pas en vous assénant des coups que vous vous relèverez le plus facilement. En vous évaluant sur un seul aspect de votre personne, vous confondez le tout et la partie vulnérable, touchée, impactée.

  • L’être humain est complexe
  • La personnalité de chacun est unique
  • Nous sommes la résultante de nos expériences, de nos actions, de nos blessures passées et présentes.

Lorsque nous nous sentons coupables de ne pas réussir à « contrôler » nos émotions, nous pouvons construire une image négative de nous-même, ou même penser avoir un grave problème psychologique.

Les émotions sont une véritable ressource, un potentiel qui demande à être mieux compris et utilisé. Prenons-en conscience ensemble, écoutons vos besoins, prenez l’engagement et le temps de cultiver votre sérénité intérieure pour mieux « discipliner », « apprivoiser » vos émotions, apprendre à réagir de façon différente.

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