SE CHANGER / S’ACCEPTER

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  • Le changement, ses obstacles et les conditions pour changer.
  • Comment vivre avec des « deuils » inachevés, la dévalorisation de soi, les bénéfices non identifiés, la peur de l’échec, les ratés et la prise de risque.
  • Le droit de ne pas vouloir (tout) changer : acceptation et non-acceptation de soi.

Se changer, vivre avec le changement, s’accepter

Changer sa vie, se changer… Tout le monde en a envie, un jour ou l’autre, mais certain(e)s seulement passent à l’acte. Par ailleurs, notre époque valorise tellement la mobilité, l’ambition, le goût de la nouveauté.

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Le changement

Distinguons le « besoin de changer » de « l’envie de changer ».

Le « besoin de changer » répond à une motivation négative : se soustraire à une situation qu’on ne supporte plus, quitter un partenaire, un travail qu’on n’aime plus… Tensions internes, tensions avec les autres, confusions et incompréhensions, peurs et pensées qui immobilisent aussi.

Le besoin de « se changer » apparait souvent dans un second temps : lorsque celui qui souffre de sa situation se rend compte que c’est sa propre personnalité qui l’y a conduit et/ou l’y tient enfermé. Il en est ainsi des scenarios de vie tels que conflits à répétition avec les autres, choix répétés de partenaires insatisfaisants, incapacités de prendre une décision, accidents à répétition….

→ « L’envie de changer » répond à une motivation positive : aller vers un ailleurs qui attire. Elle progresse sourdement, elle « hante » ou elle apparait brutalement avec une révélation professionnelle ou coup de foudre. Un coup de foudre qui n’est pas seulement amoureux : on peut en avoir pour un endroit ou pour une occupation. Un mot du changement compulsif, dont le complexe de Don Juan constitue un bel exemple : Don Juan quitte Julie pour aller vers Carole parce que Carole est nouvelle dans sa vie. S’il l’avait rencontré en premier, c’est elle qu’il quitterait pour Julie. Pour d’autres, c’est aller de pays en pays, d’appartement en appartement.

Les obstacles au changement

Les obstacles matériels existent bien sûr, tels que le manque d’argent, de temps, du diplôme requis… Il existe toutefois des obstacles plus difficiles à franchir, parce que nous n’avons souvent pas même conscience de leur existence.

Ces barrages, prisons internes ou résistances se sont généralement mis en place à cause de la façon dont nous avons été traités, des modèles parentaux dont nous sommes imprégnés, des valeurs familiales que nous avons intériorisées, des blessures vécues.

Ils se sont transformés en croyances qui guident nos actes sans que nous nous en rendions compte, tant elles nous paraissent évidentes : « un homme ne doit pas se montrer faible », « je ne mérite pas d’être aimé(e) », « je suis nul(le) », etc.

Les barrages internes au changement sont souvent enfouis en nous, la rationalisation recouvrant d’explications rationnelles. Celle-ci marche d’autant mieux qu’elle s’entretient, notamment grâce à l’attention sélective : une personne qui justifie son contrôle perpétuel en clamant qu’il y a des risques partout, ne verra pas les actions déroulées sans accroc, mais seulement celles qui – en s’ajoutant à sa liste noire – la renforceront dans sa conviction qu’elle a raison de contrôler.

La peur du changement n’est pas toujours déraisonnable. Tout changement comporte un risque, et a un coût. Il est donc normal d’hésiter, de peser le pour et le contre.

Mais si le bilan de cet examen est positif, et que nous n’arrivons pas à changer, et surtout, si c’est là un scénario à répétition, mieux vaut admettre que la peur raisonnable camoufle des craintes irrationnelles. Nous avons intérêt à rechercher les racines de ces craintes, ou les connaissances insuffisantes à combler, les expériences non mentalisées, les ressources personnelles à développer…

Les conditions du changement

1ère condition = le vouloir vraiment. Nous rêvons tous, un jour ou l’autre, de changement. Il n’y a pas de mal à cela, à condition de ne pas nous duper nous-mêmes.

Cela arrive parfois : à force de rêver, de peaufiner en pensées son projet, on finit par se persuader que cela vaut réalisation, alors même qu’on n’a entrepris peu voire aucune démarche. Le changement est action avant tout. Vouloir vraiment changer est donc nécessaire, mais est-ce suffisant ?

2ème condition = clarifier les barrages intérieurs faisant obstacles, le recours à un(e) professionnel(le) adapté(e) peut s’avérer nécessaire. Un bon moyen d’évoluer dans le sens que l’on désire est de choisir un environnement au sens large – cadre de vie, métier, loisirs, amis – qui nous y pousse

Vivre avec le changement

Changer ne suffit pas, encore faut-il accepter le changement, cela ne va pas de soi.

Changer, c’est faire le deuil de ce que l’on quitte : sa sécurité financière, ses habitudes confortables, ses collègues, sa famille… Qu’on le veuille ou non, la vie est jalonnée de changements, petits ou grands, choisis ou subis.

Pourquoi pouvons-nous avoir plus de mal que d’autres à vivre ces passages ?

Des « deuils » inachevés

Tout dépend de la souplesse avec laquelle notre environnement proche réagit aux mouvements de la vie, des permissions et des encouragements avec lesquels il accompagne nos propres expériences.

Trop d’immobilisme dans l’enfance peut compromettre nos facultés d’adaptation. Mais trop de changements aussi, tels des déménagements de ville en ville qui peuvent amener adulte, à ne plus supporter l’idée de bouger.

Chaque changement implique de renoncer à une situation afin de passer à une autre. Ce travail est constitué de différentes étapes qui vont de la tristesse à la colère, puis à l’acceptation et au renouveau. Lors de changements trop fréquents ou trop rapides, nous pouvons ne pas avoir le temps de franchir ces étapes ni de faire un véritable travail de deuil. Nous pouvons rester alors bloqués sur notre douleur et risquer de chercher à s’en protéger en figeant notre univers.

Une dévalorisation de soi

Les résistances au changement peuvent être dues à un manque de confiance en soi. Dans l’entreprise par exemple, lorsqu’il est question d’adopter de nouvelles méthodes de travail, les collaborateurs font souvent de la résistance passive parce qu’ils ne voient pas comment atteindre les objectifs visés. La motivation est suscitée en valorisant le but, mais souvent en oubliant de valoriser les compétences d’où la question inquiétante : Suis-je capable d’y arriver ? Lorsque la réponse à cette question est incertaine, la motivation va être faible. De plus, plus l’enjeu est valorisé, plus le changement est anxiogène.

Des bénéfices non identifiés

Lorsque l’impression de ne pas évoluer, de faire du sur place, malgré le désir de bouger nous mine, nous savons qu’il faut essayer autre chose. Cependant, changer peut sembler trop difficile. Comme s’il s’agissait de déplacer des montages, surtout si la nature du changement, les moyens et la cible restent flous.

Je voudrais aller mieux, mais qu’est-ce qu’aller mieux ? Je voudrais changer de travail, mais qu’est-ce que je peux faire ? Ma relation de couple ne me satisfait pas, mais qu’est-ce que j’attends du couple ? C’est cette indétermination qui pousse à l’attentisme. Se (re)mettre en mouvement requiert parfois alors un accompagnement.

Lorsque l’on envisage de bouleverser sa vie, c’est aussi prendre le risque d’un pari sur l’avenir, d’où l’importance d’être apte à rebondir après un échec. Toutefois, ceux qui ne disposent pas de ce trait de personnalité, peuvent commencer par revoir et modifier leur perception de l’échec, impactant leur réaction face à l’échec.

La peur de l’échec

En France, la culture de l’échec est encore taboue. Depuis des générations, nous sommes confrontés à une peur panique du raté existentiel, qui nous pousse à perpétuellement craindre de chuter de notre piédestal imaginaire. Nous continuons à confondre « avoir raté » et « être un raté », l’échec d’un de nos projets et celui de notre personne. Ce que l’échec altère le plus, c’est l’estime de soi face au regard des autres.

De l’autre côté de l’Atlantique, l’échec est au contraire devenu une source d’inspiration : le mot d’ordre aux Etats-Unis est « fail fast ! », ce qui veut dire « échouez rapidement ! ». Les échecs, qu’ils soient scolaires ou professionnels, y sont envisagés comme autant d’apprentissages. Les élèves n’ont pas peur de se tromper ou d’être mal vus en posant une question, ils sont là pour apprendre de leurs erreurs. Dans la culture américaine, les enfants sont poussés à tenter leur chance et sont félicités lorsqu’ils prennent des risques.

En France, notre système éducatif est plus tourné vers la peur de l’échec et le mode est binaire : soit on réussit, soit on échoue. Processus que nous répétons au sein de l’entreprise, où les erreurs sont perçues comme des failles irrémédiables. De là naît une impossibilité à publiquement admettre ses erreurs, à même les anticiper.

Partager ses ratés

Entre les injonctions au bonheur ou à l’épanouissement, et la réalité (économique, relationnelle…) de plus en plus incertaine, intégrer cette nouvelle représentation de nos ratages semble devenir une priorité si on veut éviter de sombrer dans une dépréciation moribonde.

Car aussi douloureuses à vivre soient-elles, nos traversées du désert, nos périodes de doutes, de questionnement personnel sont en réalité des marches vers le succès : l’apprentissage de l’échec est à voir comme une opportunité, une connaissance de ses failles personnelles sur lesquelles un travail est possible.

L’échec peut être envisagé comme un moment où l’individu, confronté au réel, peut prendre conscience de ses limites, apprendre à se connaître et à mieux cerner son désir profond. Une forme d’épanouissement est envisageable, car se réaliser c’est nécessairement se confronter à quelque chose d’inconnu, avec la douleur, les déceptions et les désillusions que cela implique, car on réussit rarement du 1er coup.

Accepter le risque

Nous ne sommes évidemment pas tous égaux face aux déconfitures et aléas du quotidien. Même dans une optique de lâcher-prise, beaucoup vivent excessivement mal leurs échecs, avec une tendance à se dire qu’ils sont plus nuls que les autres.

Pour éviter de tomber dans ces pensées dépréciatives, des points essentiels sont à rappeler pour amortir et dépasser le sentiment d’échec :

  • Le respecter
  • Le reconnaître
  • Lui répondre
  • Rebondir
  • Y réfléchir pour en tirer les leçons qui s’imposent
  • Ne pas hésiter à se le commémorer comme un vieux souvenir

S’accepter, ou le droit de ne pas vouloir (tout) changer

« Quand on ne trouve pas son repos en soi-même, il est inutile de le chercher ailleurs »
La Rochefoucault

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Comment s’accepter ?

L’acceptation de soi n’est pas seulement un concept. C’est une manière d’être, qu’on ne peut donc acquérir qu’au travers d’une pratique répétée dans le quotidien, dans toutes les petites situations où peuvent se nicher les problèmes d’estime de soi.

Le travail d’acceptation porte sur nos émotions, nos pensées, nos comportements, déclenchés par ces situations. Pourquoi ? Parce que les douleurs de l’estime de soi sont souvent liées à la non-acceptation de soi. Il est fréquent que les problèmes d’estime de soi correspondent à des pensées ou à des émotions du refus de soi.

Lorsqu’on se dit, ou plutôt lorsqu’on s’entend se dire « Je n’y arriverai jamais », ce n’est pas seulement cette pensée qui nous fait souffrir ; c’est l’onde de choc de cette dernière, le fait qu’après elle en arrive une autre : « Je n’y arriverai jamais et j’en ai marre d’être comme ça, je suis trop nul(le), je me déteste » et les émotions associées telles que la colère, la honte, la tristesse etc.

Que fait-on face à la douleur de ces réactions automatiques ? En général, 2 réactions spontanées :

→ Tenter de chasser ces pensées, de les écarter de son esprit. On se dit « N’y pense plus » ou on cherche à se distraire. Mais l’efficacité est souvent à court terme car il existe un effet « rebond » des pensées ainsi écartées. Les pensées réprimées ou ne trouvant plus d’esquive par les distractions, ressurgissent ensuite avec force. Même sans effet rebond, tenter de supprimer les pensées gênantes provoque un inconfort émotionnel fort.

→ S’y abandonner et les ruminer : Les ruminations sont la répétition de pensées ou d’images sombres, centrées sur des aspects négatifs de soi ou du monde. Elles occupent souvent une importante place d’arrière-fond dans l’activité mentale de personnes ayant vécu un événement qui a déstabilisé leur estime.

Les situations à risque pour la non-acceptation de soi

Les situations à risque sont celles où l’on se trouve confronté(e) à nos limites :

  • Du fait d’un échec ou d’une difficulté à atteindre un objectif que l’on s’était fixé.
  • Par suite d’une comparaison avec d’autres qui nous paraissent « meilleurs ».
  • Du fait aussi d’une remarque, d’une critique, d’une moquerie même bénigne ou amicale.

Persuadé(e)s qu’il y a danger :

  • envers soi (s’accepter, c’est se laisser aller)
  • ou pouvant venir des autres (s’accepter dans ce que l’on a de vulnérable et de fragile, c’est s’exposer à la critique au jugement et au rejet)

→ nous évitons de nous accepter nous-mêmes ! Cet évitement préserve notre conviction que l’on se serait mis en danger en se dévoilant, en admettant ou en dévoilant nos limites et nos vulnérabilités.

→ Ensemble et en entretien, ce sont vos pistes d’acceptation individuelle et personnelle qui seront partagées et renforcées.

Parce que trouver la paix en étant au clair avec soi-même, vivre en paix avec soi-même, apportent force et sérénité, éloignant ainsi le mal-être intérieur. Et cela change tout !

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